Pierre GOUZOU, formateur à l’A.T.C.

Depuis début janvier 2022, l’A.T.C. a le plaisir et l’honneur d’accueillir en son sein Pierre Gouzou, qui vient deux fois par semaine animer les entrainements de nos avenirs et compétitions, dans le cadre de la rédaction d’un mémoire sur l’accompagnement vers le haut niveau (Entraînement en vue d’une performance en compétition) pour l’obtention de sa licence STAPS « Entraînement Sportif » (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives).

Natif de Meaux (Seine et Marne), Pierre a grandi dans le Lot-et-Garonne où il débute le trampoline à 10 ans. Doté d’excellentes qualités, il quitte sa famille à 13 ans et s’installe en famille d’accueil en Île de France dans le but de devenir le meilleur de sa discipline : le désormais pensionnaire du pôle espoir de Bois-Colombes va alors pouvoir réaliser son rêve de toucher les étoiles.

A 23 ans aujourd’hui, Pierre est déjà riche d’un solide palmarès qui lui a permis d’intégrer cette année la Liste Ministerielle Elite, liste très fermée qui n’héberge actuellement que 11 gymnastes, parmi lesquels 5 trampolinistes.

Tirés de sa vitrine à trophées bien remplie, citons particulièrement :

  • les trois titres de Champion de France Junior Elite en 2013, 2014 et 2015,
  • la 3ème place aux championnats d’Europe par équipe Junior à Guimarães (Portugal) en 2014,
  • plusieurs médailles en Coupe du Monde en synchronisé entre 2017 et 2020,
  • la 3ème place aux championnats d’Europe synchronisé à Bakou (Azerbaïdjan) en 2018,
  • la 3ème place aux championnats du Monde en synchronisé à Bakou (Azerbaïdjan) en 2021.

Pour qu’on le connaisse un peu mieux, Pierre a gentiment accepté de se soumettre à la moulinette des jeunes pousses de l’A.T.C. et de leurs entraîneures. 35 minutes d’échanges à bâtons rompus dans une ambiance détendue.

Retranscription …

Anna : A quel âge as-tu intégré l’équipe de France ?

Pierre Gouzou : J’ai intégré l’équipe de France junior en 2014 quand j’avais 15 ans et l’équipe de France senior en 2017, j’avais tout juste 18 ans.

Anna : As-tu déjà eu envie d’arrêter le trampoline ?

PG : Non.

Jeanne : Quand étaient tes 1er championnats du monde ?

PG : Mes premiers championnats du monde : 2017, l’année où je suis rentré en Equipe de France senior.

Jeanne : As-tu déjà eu peur de faire certaines figures ?

PG : Peur, non. De l’appréhension, pour le Out et le Half Rudy (Half In Rudy Out).

Clotilde : Quand tu parles des championnats du monde, parles-tu aussi des CMGA (Compétitions Mondiales par Groupe d’Age, ndlr) ?

PG : Non. CMGA, mes premiers, je me suis qualifié en 2011 (j’avais 12 ans), mais je n’ai pas participé parce que je n’avais pas les moyens, et les premiers auxquels j’ai participé étaient en 2013 à Sofia.

Lohann : Es-tu stressé pour tes compèts ?

PG : Je gère plutôt bien la pression. Forcément il y a un peu de stress, mais c’est du stress positif que j’arrive à convertir en bonne énergie. Mais il y a toujours du stress, je n’y vais pas comme à un entrainement, mais il ne me paralyse pas.

Lohann : Comment as-tu fait pour gérer tes études et le trampoline en même temps ?

PG : Au lycée, je finissais souvent à 15h, donc ça allait, je n’ai pas eu besoin de trop d’aménagements, et pour les études supérieures, j’ai étalé mes années, donc j’ai fait mes années en 2 ans.

Nolan : Quand tu es allé au pôle espoir (à Bois-Colombes, ndlr), comment cela s’est-il passé ?

PG : J’ai quitté ma famille, j’avais 13 ans, ils sont restés dans le sud où on habitait, et moi je suis monté en famille d’accueil et j’ai commencé l’entrainement quotidien, et j’ai dû m’adapter.

Clotilde : C’était une famille d’accueil de trampolinistes ou hors trampolinistes ?

PG : C’était Claude Berthelot, le directeur du pôle. Donc trampoliniste.

Clotilde (aux enfants) : Claude Berthelot, c’est le papa de Sébastien Martiny, que vous avez eu en entraineur pour ceux qui étaient à Val d’Isère, et c’est celui qui faisait les évaluations (du PNE, ndlr), et qui a été directeur du pôle France de Bois-Colombes pendant très longtemps.

Nolan : Les premiers mois se sont-ils bien passés ?

PG : Oui. Ça a été plus dur pour mes parents que pour moi. Je me suis vite adapté, je n’ai pas eu de coup de blues ou quoi que ce se soit en particulier, mais ils m’ont dit après coup que ça a été plus dur pour eux.

Florian : A quel âge as-tu commencé les compétitions ?

PG : J’ai commencé la première année, la saison 2009-2010, en filière régionale, l’équivalent de fédérale maintenant.

Florian : Maintenant, combien as-tu d’entrainements par semaine ?

PG : Je m’entraine deux fois par jour. Mais je ne fais pas de la toile deux fois par jour : le lundi, mercredi, vendredi, je fais une fois par jour de la toile, le matin je fais de la prépa physique, et le mardi et le jeudi, je fais deux fois de la prep. Et repos le week-end.

Je gère plutôt bien la pression, c’est du stress positif que j’arrive à convertir en bonne énergie

Clotilde : Que détestes-tu le plus en prépa physique ?

PG : Y’a certains trucs ingrats. Je dirais, la reprise, où c’est dur physiquement, ce n’est pas que je déteste ça, mais c’est le plus dur parce qu’il faut que le corps se réhabitue à souffrir. Et le pistol squat (bras aux oreilles, et descendre sur une jambe), ça je n’aime pas, ce n’est pas mon préféré.

Pierre : Es-tu plus figures avant ou figures arrière ?

PG : Avant. Arrière, c’est plus technique, on peut faire plus facilement des erreurs, enfin pour ma part. Ce n’est pas que j’aime moins les figures arrière, mais on peut faire plus de bêtises sur ces figures.

Pierre : As-tu fait d’autres sports à part le trampoline ?

PG : Avant le trampoline, j’ai fait du plongeon, du judo, du rugby, de la gymnastique, j’ai touché à plein de sports avant de ne vraiment faire que du trampo. Mais à part le rugby et le judo, il y avait toujours un rapport à l’acrobatie, au gymnase.

Louane : Quel est ton record de diff ?

PG : C’est mon record en compétition : 17,8. A l’entrainement, je ne tente pas énormément des gros records, même si je pourrais faire plus que 17,8 actuellement avec les figures que je sais faire, mais j’aime bien faire mes records en compétition.

Jeanne : Du coup, le record que tu as fait mercredi, c’était 17,8 ?

PG : Non, 17,1. Il y a une triple rotation en moins sur le 17,1. Sur le 17,8, il y a un 5ème triple.

Clotilde : En tant qu’entraineur, j’estime qu’en compèt, le plus beau libre n’est pas forcément le libre qui est le plus dur. Du coup, ils ont un record, et chaque fois on essaye de passer ce record, si on peut rajouter un Rudy-BO, un double arrière, on le rajoute, et du coup ils ont un record d’entrainement, mais s’il y a une compétition un peu après, on ne va pas forcément placer ce libre-là, car je leur dis qu’il faut travailler plus dur à l’entrainement pour que le libre qui soit en compèt soit le libre qu’ils passent pilou. Et vous, vous n’avez pas ce type de fonctionnement ?

PG : Si, quand même. C’est plutôt moi qui ne bosse pas de record. Je vais bosser beaucoup le libre que je fais en compèt, et après si je veux, je vais faire des parties plus dures, mais rarement je vais tenter un 10 touches imbitable. Je pourrais, mais je passe plus de temps à bosser mes libres de compétition.

Louane : Comment as-tu découvert le trampo ?

PG : Je l’ai découvert avec le plongeon, parce que quand je faisais du plongeon, on allait apprendre les figures sur un trampoline, j’ai adoré la sensation de rebond, de liberté en l’air. Je préférais ça au plongeon : au plongeon, tu es mouillé, tu fais juste une figure, tu remontes à chaque fois, j’avais aussi l’appréhension des rebords, je ne me sentais pas libre en partant d’une plateforme, alors qu’au trampoline, je me sentais libre en l’air, avec aucun obstacle.

Clotilde : Et tu avais la chance d’avoir un club à côté de chez toi ?

PG : Au trampoline, non, c’était assez loin, à 40 minutes en voiture, en campagne, donc pas à côté du tout.

Jeanne : Du coup, quand tu as commencé le trampoline, tu en faisais combien de fois par semaine ?

PG : Au tout début, 1 fois, ou 2 max.

Clotilde : Et tu as commencé à quel âge le trampo ?

PG : A 9 ans et demi, j’allais sur mes 10 ans. Donc j’ai commencé assez tard, mais j’avais des bases de gymnastique.

Eléonore : As-tu dû faire des sacrifices ?

PG : Je ne l’ai pas forcément vécu comme des sacrifices parce que je faisais ce qui me plaisait, mais oui, j’ai eu une vie différente de la majorité des gens de mon âge. Mais je n’appellerais pas ça forcément des sacrifices parce que je faisais quelque chose qui me pait. Je n’ai pas fait les choses à contrecœur.

Eléonore : Et ton meilleur souvenir ?

PG : C’est dur d’en trouver un, mais, les compétitions à l’étranger, voyager, découvrir d’autres pays, participer à la compétition, me confronter à d’autres gens autour du monde, et les souvenirs avec les copains …

Eliott : Combien as-tu fait de compétitions ?

PG : Je ne peux pas te répondre, je ne les ai pas comptées.

Eliott : Où était ta première compétition ?

PG : A Toulouse.

Sophie : Entre la compétition synchronisée ou individuelle, que préfères-tu ?

Clotilde : Ou par équipe ?

PG : (hésitant) C’est dur de répondre à ça … Je pourrais dire synchronisé parce que j’ai fait plus de médailles dans cette discipline, mais l’individuel, on est focus sur soi-même et il y a un énorme challenge, alors qu’en synchro on se partage un peu la « part du gâteau ». Enfin j’aime les deux, j’adore les deux. Et le par équipe : je n’ai pas eu la chance de faire de médaille encore par équipe, pour le futur j’aimerais beaucoup, j’imagine que ça doit être super de remporter une médaille avec l’équipe aussi. C’est avant tout de l’individuel quand même, parce qu’on est seul sur le trampo.

J’ai adoré la sensation de rebond, de liberté en l’air

Sophie : Comment définirais-tu le trampoline pour quelqu’un qui ne connait pas ? Que lui dirais-tu pour le faire entrer dans un club de trampo, le faire essayer ?

PG : C’est un sport qui n’est pas assez médiatisé. C’est très télégénique, je trouve. Même si c’est compliqué à comprendre pour un profane (il va avoir l’impression qu’on fait tous la même figure), mais il suffit de s’y intéresser, c’est très ludique pour les jeunes, les mettre en club, ils peuvent s’amuser, on peut commencer à n’importe quel âge, fille garçon, c’est vraiment super ludique, et il y a moyen de s’amuser à tous les niveaux, même si on ne cherche pas forcément du haut niveau dès le départ.

Jeanne : Quelle est la plus grosse médaille que tu as eue ?

PG : C’était en novembre, ma médaille aux championnats du monde, en synchronisé (bronze, 2021, ndlr).

Pierre : As-tu déjà fait quadruple sur la toile ?

PG : J’ai fait une fois en fosse, mais je n’ai jamais fait de Quadriffis sur toile. Mais pourquoi pas …

Pierre : Quelle est ta meilleure rencontre depuis que tu as commencé ? Un athlète ou autre ?

PG : Forcément les gens qui m’ont aidé, donc tous mes entraineurs, mes parents qui m’ont soutenu … C’est dur de lister tout le monde, parce que si je liste tout le monde, il y en a qui vont dire « il m’a oublié … » !!! Mais forcément tous ceux qui m’ont soutenu. Après, des rencontres qui m’ont marqué, c’était des athlètes, des champions que je voyais sur Youtube quand j’étais petit, et que j’ai rencontré en vrai après, donc, pour moi le meilleur acrobate de tous les temps, Jason Burnett, la canadien, et Dong Dong aussi, que j’ai rencontré. Aussi la reconnaissance de anciens champions de France, qui me faut chaud au cœur : David Martin, Grégoire Pennes, maintenant Sébastien Martiny, même si je l’ai plus été athlète que coach-entrainé.

Clotilde : Tu as limite été élevé avec lui …

PG : Bah, oui … Je me suis entrainé 8-9 ans avec lui. Mais il n’était pas chez Claude : je suis arrivé au pôle en 2012, lui faisait son tour du monde, il est arrivé en fin d’année, on s’est entrainé ensemble après, mais il vivait déjà avec Joëlle (Vallez, ndlr), dans leur appart.

Capucine : quelle est ta plus grosse chute au trampo ?

PG : Je ne me suis jamais blessé sur une chute … Ça m’est déjà arrivé de tomber sans tapis, sur le parquet, sur un gros Barani. Ce n’est pas agréable … Et aussi, c’était l’été, donc on suait beaucoup, mes pieds ont glissé dans les chaussons : j’ai fait une chandelle en latéral, et mon pied a glissé sur le côté et ma chandelle est partie encore plus sur le côté … J’étais assez haut, elle n’était pas agréable non plus. Mais je ne me suis jamais blessé en chute.

Sophie : As-tu déjà eu une perte de figure ? Même courte ?

PG : Non. J’ai peut-être de la chance sur ça, mais je pense que quand on apprend vraiment bien la partie méthodes, qu’on ne grille pas les étapes, il y a très peu de chances de se perdre. Si on sait ce qu’on fait, qu’on n’a pas de blocage, si on a vraiment appris étape par étape les figures, il y très peu de chance de se perdre …

Eliott : Etais-tu déjà venu à l’A.T.C. ?

PG : Non. Je ne viens que depuis quelques semaines vous entrainer, mais je ne me suis jamais entrainé ici.

Anna : Ta dernière compétition date de combien de temps ?

PG : C’était les DN, les championnats de France par équipe, début décembre 2021.

Clotilde : Tu nous as expliqué que le trampo, c’était une liberté par rapport au plongeon que tu faisais, tu as trouvé des sensations sans les parties peur et contraignantes du plongeon : qu’est-ce qui te plait dans le haut-niveau ?

PG : Je suis un compétiteur dans l’âme, donc toujours voir quelqu’un plus fort et se dire qu’on peut atteindre son niveau et le battre plus tard. Cette mentalité : tu grimpes les échelons, et au bout du compte, tu as envie d’être le meilleur tout court.

C’est un sport qui n’est pas assez médiatisé

Clotilde : Tu en rêves la nuit ?

PG : Du trampo ? Oui, oui ça m’arrive !

Clotilde : A combien d’heures d’entrainement trampo es-tu par semaine ?

PG : Sans la prépa physique, 14-15 heures.

Clotilde : Quelle est la figure que tu rêves de faire ?

PG : Je n’en ai vraiment plus beaucoup … Le Quadriffis, je dirais.

Clotilde : Tu ne veux pas faire le Full-Full-Full de Lionel Pioline ?

PG : Ah, je n’y ai pas pensé. Je pense à des figures qui se font en compétition, mais c’est vrai que le Full-Full-Full a été fait par un japonais cette année, ça ne s’était pas vu depuis 25 ans en compèt, j’exagère peut-être, mais depuis des décennies … Mais oui, faire 2-3 figures qui restent, ça peut être sympa.

Nolan : Quand tu étais petit, quand tu as commencé, quelle était la figure que tu voulais faire ?

PG : Quand j’ai commencé, au tout début, je suis arrivé sans attente au niveau trampo, en fait. Après, je me suis vite intéressé, j’ai regardé plein de vidéos, je regardais en boucle le site « Acrobatic Sport » je crois …

Clotilde : C’est celui dont je te parlais, que mon frère a créé.

PG : Ah ! Je le regardais en boucle quand j’étais petit, il y avait des vidéos de partout autour du monde … Donc, ce qui me donnait envie, le record de Jason quand j’étais petit … Toutes les figures que les grands faisaient, j’avais envie de les faire plus tard, il n’y en avait pas une en particulier : j’avais envie de toutes les faire.

Clotilde : Peux-tu nous citer les pays que tu as vus grâce au trampoline ?

PG : Je vais commencer par le plus court : Amérique, Etats-Unis, j’ai fait des WAG (World Age Group = CMGA, ndlr) en 2014, je n’ai pas fait le Canada, j’étais trop jeune, je n’avais pas commencé le trampo, c’était en 2007, Asie, j’ai fait 3 fois le Japon, je n’ai pas fait Afrique-Océanie, et en Europe, j’ai fait Espagne, Italie, Portugal, Allemagne, République Tchèque, Pays-Bas, Bulgarie, Russie, Biélorussie et l’Azerbaïdjan, plusieurs fois.

Clotilde : Quel est ton objectif à court terme, avant la fin de la saison ?

PG : Pour la fin de la saison, il y aura les championnats de France et les championnats d’Europe en juin. Les championnats de France, quand tu y vas c’est pour les gagner, voilà. Et les championnats d’Europe, déjà, première étape, se qualifier parce qu’en France ce n’est jamais facile de se qualifier, d’être dans l’équipe, parce qu’il y a beaucoup de concurrence entre les seniors, être dans les 4 premiers, ce n’est jamais facile. Et ensuite, forcément, une médaille par équipe, une médaille en synchro, et le top serait d’accrocher une finale individuelle, pour passer un cap, que je n’ai pas encore franchi sur les championnats d’Europe.

Clotilde : Les qualif pour les Europe : les autres français, ce sont également tes partenaires d’entrainement. Vous arrivez à avoir une saine concurrence ?

PG : Oui, parce que, franchement, on n’est que 2 pôles, donc c’est un tout petit monde, on est souvent en stage ensemble. On est assez proche dans la vie de tous les jours. Ceux du pôle INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, Bois de Vincennes, ndlr), on est vraiment amis dans la vie de tous les jours. Ceux du pôle Antibes, quand on est avec eux en stage, ça se passe très bien, on est amis. Mais en compétition, c’est chacun pour soi, mais il n’y a pas d’animosité, on s’encourage, quand un fait une belle performance, c’est félicité par tout le groupe, et s’il a raté, c’est dommage pour lui, on lui tape sur l’épaule et on lui dit « tu feras mieux la prochaine fois ».

Clotilde : Quels sont tes objectifs à plus long terme : on a 2024 les Jeux Olympiques, est-ce un de tes objectifs ?

PG : Oui forcément, les Jeux, c’est la plus haute compétition, c’est la seule que je n’ai pas faite, forcément, oui, j’ai envie de la faire, et je me donnerai tous les moyens en ma possession pour la faire.

Clotilde : Y-a-t-il quelque chose de particulier que tu dois améliorer pour être celui qui fera le J.O. pour la France ?

PG : En trampo, il n’y a pas de limite, donc on peut tout améliorer : l’exé, la hauteur, la diff, il ne faut pas se fixer de limite. Si on parle techniquement, bien sûr, j’ai des axes de travail privilégiés, mais dans l’idée, c’est de se dépasser partout.

Clotilde : Quelle est ta qualité principale ?

PG : C’est assez dur de se juger soi-même. Je dirais que je suis acrobate, j’ai de l’adresse, j’arrive à souvent finir les enchainements même si je me mets dans une situation délicate. J’ai un mental, quand j’arrive sur la toile, j’ai envie de gagner, mais au trampo, il n’y a pas que ça. Ça, c’est plus un moteur, mais quand on est sur la toile il faut surtout se concentrer sur ce qu’on fait … Voilà, battant en compétition, acrobate, de l’adresse : je pense que ce sont mes qualités en trampo.

Clotilde : Si tu devais changer un seul truc dans ta discipline, dans le trampoline, en compétition ou en entrainement, au niveau des règles, ou de l’appareil, ou je ne sais pas ?

PG : C’est dur à dire parce que ce sport a évolué depuis que j’ai commencé. Il y eu le temps de vol qui est apparu, les toiles ont changé, les trampos qui se sont améliorés. Il évolue avec son temps, il évolue assez vite, parce que là, il y a encore les règles qui ont changé pour ce cycle : il n’y a plus de L1 (Libre à exigences, supprimé pour les Elite 17 ans et plus, ndlr). Je trouve qu’il évolue dans le bon sens …

Les championnats de France, quand tu y vas c’est pour les gagner

Clotilde : Tu penses que c’est positif qu’il n’y ait plus de L1 ?

PG : Oui, parce que les gens qui regardent et qui ne connaissent pas le trampoline n’en ont rien à faire, je pense, et ce qu’ils veulent voir c’est des acrobaties, même s’ils ne comprennent pas forcément, ils voient quand même si le gars fait un salto 10 fois, ça va moins les impressionner que quelqu’un qui va faire deux gros libres d’affilé. C’est comme en gym, avant il y avait aussi des exercices à exigences, imposés, et ça s’est arrêté aussi, parce que pour la partie médiatique, télé, ce n’est pas très intéressant pour le spectateur.

Clotilde : Je pensais que tu allais me répondre que quand tu as une médaille d’or, elle allait être vraiment en or : ça si ça changeait, ce serait vraiment pas mal, non ?

PG : (rires) Pour la faire fondre !!! …

Clotilde : A par Jason, as-tu eu un modèle, français ou autre ?

PG : Non, vraiment mon modèle, c’était Jason, parce que je le trouvais incroyable en acrobatie. Après, Dong Dong aussi. C’est vraiment les deux énormes champions que j’ai regardé avec les yeux grands comme ça quand j’étais petit. Après, j’ai toujours supporté les français de chaque époque.

Jeanne : Est-ce que tu fais souvent des stages, comme Val d’Isère.

Clotilde : Comme il était avec Claude, il a dû en faire tous les étés, toute sa vie.

PG : Voilà, tous les étés ! Sinon, des regroupements à Antibes ou à l’INSEP, on en fait plusieurs fois par an.

Sophie : Est-ce que tu en fais avec des nations différentes ?

PG : Oui, depuis fin 2018 on fait souvent, pas tous les ans, mais souvent un stage avec les espagnols. C’est souvent entre Noël et le nouvel an, on fait une petite semaine à Barcelone, dans leur centre. Et parfois il y a aussi les portugais qui viennent là-bas.

Sophie : Et c’est positif ? Et pourquoi il n’y en a pas plus du coup ?

PG : Oui, parce qu’avec les espagnols et les portugais, on s’entend vraiment bien, il y a une bonne dynamique, on est assez proche en compèt, on s’entend bien. Les portugais ont une équipe très forte, parfois on les bat, parfois ils nous battent. Et les espagnols ont bien progressé depuis ces 5 dernières années, ils ont récupéré un bon niveau.

Jeanne : Parles-tu d’autres langues grâce au trampo ?

PG : J’ai appris l’anglais. Je parle l’anglais, je ne dirais pas couramment, mais je peux dire tout ce que je veux en anglais avec les autres pays …

Clotilde : Et du coup, tu tchattes avec des étrangers que tu as rencontrés en compèt ?

PG : Euh, bah oui (sourire)

Clotilde : Je n’irais pas plus loin …

PG : (dans un rire) Voilà, j’ai compris ! …

Florian : Pour toi, qu’est-ce qui a été le plus dur pendant le Covid ?

PG : C’est qu’il y a eu beaucoup moins de compèts, et c’est comme si on avait eu presque notre vie entre parenthèses, en fait. A un moment c’était dur parce qu’on s’entrainait pour rien, enfin pas pour rien, on ne s’entraine jamais pour rien, mais on n’avait pas d’objectif, comme si on était dans le brouillard, on ne voyait pas quand était le prochain objectif … Ça c’était assez dur mentalement. Mais là ça reprend normalement, donc ça c’est cool, mais ce n’était pas facile.

Clotilde : Du coup, un circuit, pour toi, il y a combien de compétitions à l’année, à peu près ?

PG : Ça dépend les années avec Europe ou sans Europe. Par exemple, 2020 devait être l’année la plus chargée. Il devait y avoir les Monde de Tokyo fin 2019, les Europe en 2020 en Suède (qui ont été décalés en 2021), plus les Jeux. Ça c’est vraiment les 3 grosses compèts majeures, si on va jusqu’aux Jeux, mais pour ceux qui ne font pas le Jeux, il y a aussi quand même les Coupes du Monde qualificatives : dans l’année, il y en avait 3, une en Russie, une en Espagne et une à Bakou, donc 3 grosses Coupes du Monde, donc comme c’était qualificatif olympique, il y avait autant de monde qu’aux championnats du Monde, c’était des championnats du Monde sans le nom. Donc ça fait 5 grosses compèts plus 1 si on fait les Jeux. Plus les championnats de France -6-, et les DN, donc on arrive vite à 7-8 compétitions, plus les qualifications qu’on fait de notre côté à Antibes et à l’INSEP pour entrer dans l’équipe des championnats du Monde et l’équipe des championnats d’Europe.

Clotilde : Ça a été un choix direct de changer de club et de rentrer à Bois-Colombes ?

PG : Oui, c’était une volonté de ma part. De tout façon, il n’y avait pas beaucoup de choix, c’était soit Bois-Colombes, soit Antibes, et ça s’est fait par affinité, décision avec mes parents, …. J’ai changé de club aussi au passage, je suis passé de Toulouse à Bois-Colombes quand je suis arrivé au pôle.

Clotilde : Est-ce que en tant que sportif de haut niveau (puisque tu es sur les listes de Haut Niveau, je suppose) le club, le Ministère, la Région, le Département t’aident financièrement ?

PG : J’étais sur liste « Relève » ou « Senior » pendant longtemps, et encore avant « Espoir » quand j’étais plus jeune. Là, avec ma médaille aux Championnats du Monde, je suis entré en liste « Elite » cette année, c’est la plus haute liste possible du Ministère de la Jeunesse et des Sports. La fédération nous aide, ce n’est pas un salaire mensuellement, ce sont des aides personnalisées. Après oui, quand on a ce statut, on peut demander des aides au niveau du Département, de la Région. Et avec son club, ça dépend, il y en a qui demandent des contrats, ça dépend des clubs, des contrats ou des défraiements …

En trampo, il n’y a pas de limite, donc on peut tout améliorer

Clotilde : A Bois-Co, ils t’ont proposé un contrat ?

PG : Non, à Bois-Co, c’est des défraiements.

Clotilde : As-tu des contrats avec des sponsors ?

PG : Non. Je n’ai jamais démarché beaucoup de sponsors, mais le trampoline intéresse relativement peu.

Clotilde : La fédération vous propose-t-elle des regroupements où vous rencontrez des sponsors ?

PG : Non, les sponsors ne sont jamais venus vers nous spécialement, on ne nous a jamais proposé ça.

Pierre : Qu’elle est ta figure préférée ?

PG : Il y a beaucoup de figures que j’aime, mais je dirais Fifo Pike, j’aime bien, Miller j’aime beaucoup aussi …

Clotilde : Est-ce qu’on peut voir tes vidéos quelque part ?

PG : Il y a des vidéos de moi sur Youtube, si on tape mon nom, aux Championnats du Monde, sur mon Instagram, j’ai mis les vidéos des synchronisés, il y en a quelques-unes en indiv mais elles sont assez vieilles, sinon j’ai mis les vidéos des Miller …

Clotilde : Etes-vous filmés à l’entrainement ?

PG : Oui, on a des caméras, un peu comme des caméras de vidéo-surveillance, elles filment en permanence l’entrainement, et nous on se regarde après à la télé, on peut revenir en arrière, mettre au ralenti … Après tous les passages, on se regarde. C’est les gens de l’INSEP qui nous ont fait un truc très propre, un logiciel spécialement pour nous, qu’on n’avait pas avant, avant c’était avec télécommande, c’était bien mais ce n’était pas le top du top, là ils nous ont fait un bon truc à l’INSEP, on peut enregistrer des parties, des boucles de l’entrainement …

Clotilde : As-tu déjà mis une tenue de compétition que tu as détestée ?

PG : Oui ! A paillettes, à Toulouse …

Jeanne : Vas-tu parfois au Jump’Park pour t’entrainer, avec ton club ?

PG : Non, absolument pas. C’est comme …. Bah je ne sais pas vous : êtes-vous déjà allé dans un Trampo Park ?

Clotilde : Ils y vont se la pêter, c’est le seul endroit où ils peuvent se la pêter ! (rires des enfants) Non mais c’est l’intérêt, en fait, pour eux …

PG : J’y suis déjà allé une ou deux fois, mais je trouve ça hyper frustrant, parce qu’on ne peut pas s’exprimer, c’est comme si on sautait sur un … un drap !!!

Clotilde : Avais-tu déjà entrainé avant de les entrainer ?

PG : Non. J’avais déjà aidé, dans mon club, des écoles d’acrobatie, des tout petits, mais à ce niveau-là, non.

Clotilde : Et tu les trouves comment ?

PG : En un mot … J’aime bien les entrainer, ils écoutent bien, ils appliquent, ils essayent d’appliquer, et c’est déjà l’essentiel … Ils se bougent !

La question bonus : Les céréales, avant ou après le lait ?

PG : (rire) Après.